Je profite de tous ces remerciements pour y mêler les miens.
Et justement, une fois mes amis partis, vient le temps des bilans.
Alors le Cap Nord, ça en vaut la peine ?
Ben non.
Non, notamment si vous ne fixez pas vos objectifs clairement.
Nous, ce fut le cas depuis 3 ans.
Quand ce trip fut imaginé - premier remerciement à Antoine pour son partage - notre petite équipe était déterminée à suivre un objectif clair : faire ce trip, oui, mais en prenant le temps de humer la température, de se fracturer les mirettes, d'avaler les paysages et de dévorer les routes, de s'émerveiller dans la nature, de se connecter à une partie du quotidien des autochtones et (parfois) de s'arrêter en touriste pour souffler.
Résultat : si on voulait tout faire, c'était 3 mois.
On a tranché pour 35 jours et si vous avez pu les vivre avec nous, jour après jour et tout ça grâce au talent réel de mon ami - 2ème remerciement à Antoine pour son sens du reportage de guerre et cette facilité à le partager avec les autres -, cette quête du Nord ne fut possible qu'avec le soutien de JeanFi - premier remerciement à JeanFi pour son sens aigu du détail - et c'est pourquoi tous les road books ont été faits aux petits oignons - 2ème remerciement à JeanFi pour son sens de l'ajout - . Ces facteurs nous ont conduits là où on voulait et nous permis d'atteindre les objectifs que nous avions définis.
Déterminés, oui, c'est bien le mot.
Non si vous ne partez pas avec les bonnes personnes.
Nous, on s'est testé avant de partir.
C'est vous dire qu'on a pas laissé trop de choses au hasard.
Rien ne vaut une petite RGA allez-retour, en conditions changeantes.
Cela dévoile les vraies personnes, surtout quand tout part à volo.
Comme évoqué maintes fois, quand l'alchimie prend, rien se sert de lutter, il faut faire avec et savoir trouver son équilibre. Il faut donner à cette escouade ce petit plus qui fait qu'à trois, c'est idéal (et non ce n'est pas un titre). Notre équipe se connaît bien maintenant. On sait qui est qui, qui sait faire quoi et qui ne sait pas. On connaît les travers des uns, on connaît les qualités des autres, on sait respecter le silence quand il le faut. Cela crée une équipe unie, liée, qui est capable d'encaisser ces 35 journées sans faillir même si elles étaient somme toute très routinières, au sens propre comme au sens figuré, mais ô combien riches en partage. Comme on se connaît bien, on sait faire face dans quasi toutes les situations (qui, comme vous le savez, parfois auraient pu mal se finir) et on peut progresser comme planifié, quoiqu'il advienne (en tout cas, on se prépare pour). Comme on connaît les limites, on sait quand l'agacement émerge et parce que le respect est de mise dans tous les cas, nous savons faire fi de nos arguties et nous revenons rapidement à l'essentiel : notre aventure. Ce qui m'amène à un troisième remerciement à Antoine et JeanFI pour leur amitié vraie et celui-là me met la larme à l'oeil.
Non si vous ne partez pas avec les bons équipements.
Nous avons choisi et avons opté pour les mêmes choix, parfois pour des raisons différentes.
Ce qui fait de nous une équipe de testeurs "malgré eux", capable maintenant d'affirmer pas mal de choses concernant la fiabilité de tel ou tel matériel :
- nous avons tous opté pour des Ducati Multistrada V4 Rally, toutes correctement équipées pour affronter les éventualités du voyage. Selon notre expérience, la Rally est sans conteste et de très loin, la machine la plus apte à faire ce que nous avons dû faire : elle fait tout ce qu'on lui demande, parfaitement, tout en ménageant son pilote et en lui donnant le "petit plus" qui lui fait vivre son trip avec une plus grande émotion. Vous savez par où nous sommes passés et comment nous avons traversé toutes ces contrées sans réelle difficulté, que ce soit par la route ou la piste et dans tous les cas avec notre statut de moto itinérante, soit un poids moyen d'environ 420 kg, pilote compris. Cette machine, véritable baroudeuse, bien moins lissante que certaines et bien plus fougueuse que les autres, nous aura montré durant tout ce périple comment on passe d'un univers terreux à un univers bitumeux puis à un nouvel univers terreux, le tout le temps de presser sur un bouton. Expérience réellement très satisfaisante, vous pouvez nous croire et vécue maintes et maintes fois.
Une synthèse ? C'est la plus multi strada des MTS.
Fiable ? Mais tellement !
- Notre sac LoneRider (que ce soit en 30 ou 48 L), un sans-faute et une réelle qualité de fabrication, un must have.
Fiable ? Sans conteste !
- Nos pneus sont dans la même lignée.
La combinaison Pirelli Rally STR à l'avant et Continental TKC 70 à l'arrière, pour l'instant et dans les conditions subies, a démontré avec maestria sa performance et a fait le job sans jamais surprendre. Une monte permanente pour moi désormais (on passera en tétines à chaque fois que nécessaire, cela va sans dire).
Alors fiable ? D'après vous...
- Nos tenues de pluie firent le job, mais on peut en parler.
Fiable ? Oui, mais...
- Nos tenues Ducati firent le job, et même plutôt bien (sauf sous la pluie longue).
Fiable ? Moui.
- Tous les autres équipements furent les bons dans la majeure partie des cas, comme le choix de la platine arrière, les outils embarqués tels le booster ou nos kits anti-crevaison, comme certains de nos gants (pas tous).
Fiables ? Oui, c'est prouvé.
- Nos casques furent une terrible interrogation : mais comment Schubert a pu faire accepter des performances aussi piètres au niveau du bruit (il faut des bouchons, sans aucune hésitation), au niveau de l'étanchéité (oui, l'eau ruisselle à l'intérieur si on le ferme mal et comme la fermeture est mal foutue, on a tendance à penser que c'est fermé, mais cela ne l'est pas) et en communication (le Senna fait le job, mais pas si bien qu'espéré) ? On se pose la question. Fiable ? Oui, mais bon à ce prix, on pouvait s'attendre à mieux
- nos bottes furent une grosse déception. Elle font le job partout, sauf sous la pluie, alors qu'elles nous ont été vendues comme "dry" (la bonne blague). Et ce n'est pas que nous, tous les gens que nous avons rencontrés font le même constat. Fiable ? Mais tellement pas !
Non si vous n'avez pas le bon matériel au bon moment.
Nous, on a réfléchi à la liste du matériel nécessaire, à sa composition et à son plan de changement. Je pense que maintenant nous avons les bonnes bases pour savoir exactement quoi prendre pour affronter telle ou telle condition, selon les limites que nous avons définies, évidemment (oserai-je ajouter). Toutes ces péripéties nous ont permis de savoir de mieux en mieux préparer nos paquetages pour répondre à toutes les contraintes du terrain. Il nous aura fallu plus de 50 jours pour trouver la combinaison la plus efficiente. Savoir partir avec le bon matos et le charger de façon équilibrée tout en restant accessible quand nécessaire, ce n'est pas si facile. Cela demande du temps de préparation et nous avons su le prendre.
Non si vous ne respectez pas les règles.
Nous avons traversé plusieurs pays tels que l'Autriche, l'Allemagne, la Tchéquie, la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie, la Finlande, la Norvège, la Suède, le Danemark, la Hollande, la Belgique, le Luxembourg, la France et la Suisse, soit 16 pays au total, parfois plusieurs fois. Tous ont des règles qui se distinguent les unes des autres et peuvent nous mettre dans une belle panade. Nous avons donc intégré dans nos modes opératoires cette contrainte car, dans ces contrées lointaines, aller vite n'est pas synonyme d'aller loin.
Pour autant, quand l'opportunité fait le fada, nous avons su en tirer partie, soyez rassurés..
Non si vous ne savez pas faire avec.
Faire avec la beauté de la nature, faire avec les camping cars, faire avec les jours fériés, faire avec les habitudes locales, faire avec les gens, faire avec les lieux, faire avec les contraintes, faire avec les trucs qui ne marchent pas, faire avec les emmerdes, dans ce genre de périple, tout peut arriver.
Un bon plan permet juste de ne pas être surpris quand survient l'inattendu.
Nous avions toujours des bons plans.
Alors non, faut pas le faire ce trip, sauf si vous avez les conditions pour et là, c'est le paradis.
Qu'il soit artificiel ou pas, dans tous les cas, quand c'est fini, il y a un gros manque.
Mes amis me manquent.
Et ça, vous pouvez le croire.