Pour les plus pressés : La saison s’achève comme elle a commencé, par une excellente ambiance.
Une fois n’est pas coutume, deux non plus d’ailleurs.. quoi que dans certains cas, on peut commencer à se poser des questions.. Nous y reviendrons.
Tout à commencé le dimanche 3 septembre par un roulage à Ales, au pôle Mécanique, ou il était surtout question de se remettre en selle, de reprendre ses marques avant la finale du championnat de France. La dé »couverte de la piste d’Ales en compagnie de Jérôme (le N# 30) et Stéphane (mon frère) se passe bien.
Les temps descendent au fil des tours et des sessions.. Inscrits en confirmés, nous ne sommes pas gênés par les autres.. Ca roule plutôt bien et les gars connaissent la piste.. ce qui facilite la prise d’info pour les trajectoires. Enfin.. les gars, c’est pas tout à fait juste.. Une nana tourne également avec sa Panigale 899 blanche.. et elle envoie du lourd. Parti juste derrière elle au cours d’une session, je n’ai pas vu le cul de sa Panigale bien longtemps.. Même si les deux premiers tours sont nécessaires pour faire monter les pneus Conti Race Attack en température, la différence de rythme est plutôt significative.. Vous ne tarderez pas à la connaitre, elle envisage de faire du rallye l’année prochaine..
Cette journée fort agréable connait un regain d’intensité avec la présence de copains (Emilie et Maxence Paulsen, Sébastien Claudie Fassouli, Jean-Mimi) venu nous rendre visite dès le matin, rejoints par Sonia et Martial l’après midi. Sonia ne résiste pas à l’envie de tourner.. et nous rejoindra d’ailleurs le lundi matin avec sa Ktm.. Le groupe s’étoffe également le lundi avec la présence du futur champion du challenge vétéran du Championnat de France des rallye en la personne de Chris Nowat.
La fin de journée de dimanche sera l’occasion de goutter au bitume de la piste d’Ales.. de plus en plus à l’aise sur cette piste, mon rythme augmente au fil des tours de la dernière session.. jusqu’au moment ou l’arrière part sans prévenir dans un gauche en léger dévers.. C’est l’occasion de baptiser la dernière combinaison qui ne l’était pas encore
La 1290 n’a pas grand-chose à part le guidon et un cale pied arraché.. La protection Evotech est rudement efficace.. plus que le pilote.. Dès la sortie de piste, tout est mis en œuvre pour réparer afin de pouvoir tourner de nouveau le lendemain matin. 
Le lundi matin, rejoints par Chris et Sonia, nous démarrons sur un rythme fort sympathique ou Sonia ne tarde pas à nous montrer tout son talent.. Je commence par la suivre pour voir ses trajs et la filmer.. Je la double au bout de quelques tours, dans la ligne droite, en profitant de la puissance de la 1290.. et je mets un peu plus de rythme sur deux ou trois tours.. à la recherche des autre pour les filmer à leur tours.. Lorsque je coupe légèrement pour les chercher du regards.. C’est le moment que choisi Sonia pour me déboiter sans ménagement..Non seulement je ne l’ai pas distancé mais elle était blottie dans ma roue prête à me déposer au moindre écart.. Elle n’a pas laissé son instinct de compétitrice à la maison.. Elle en profite, dans la foulée, pour déboiter le gars de devant.. ce que je ne parviens pas à faire rapidement.. je ne la rattraperai plus malgré une volonté non dissimulée de revenir sur elle. Entre Séverine Prado (la fille de la Panigale 899) et Sonia.. mieux vaut ne pas être misogyne.. les deux ne sont pas la pour faire de la figuration..
Le reste de la journée permettra d’affiner les trajectoires, les réglages de la 1290, des pressions de pneus, d’augmenter le rythme et de filmer les copains.. qui envoient eux aussi de plus en plus.. Un vrai régal.
Durant la journée de lundi, nous aurons le plaisir de voir tourner (des tribunes) Florian Marino et sa R1 (Un tout bon du championnat du Monde de Superstock qui a également participé à plusieurs grands prix GP de moto 2), qui aligne les tours en 1.16 avec un meilleur tour en 1.15,xx.. Impressionnant.. Pour info, le record de la piste d’Ales dans le sens horaire est détenu par Johann Zarco (2014) en 1'14.679 au guidon d’une Yamaha YZF-R6 qui détrône Bradley Smith et ses 1'15.008 au guidon de sa Mistral 610 (2012). En sens inverse, Anti horaire, le record est également détenu par Zarco en 1.03.80.. Mais ces gars la sont carrément sur une autre planète.
Après un repas Chez les Paulsen lundi soir, avec Jérôme, nous nous mettons en route, dès mardi pour rejoindre Mauves en Ardèche ou se déroule (samedi) la finale du championnat de France des Rallyes Routiers.
Le temps de déposer les affaires et les motos au gîte, nous nous rendons sur les spéciales pour débuter les reconnaissances en fourgon. La première (ES Plats) me plaît bien. Elle est large, tourne beaucoup.. Il y a moyen de mettre pas mal d’angle, de bien trajecter.. Certes les intérieurs sont pas mal bosselés mais le tracé devrait être un bon distributeur de plaisir avec la 1290 que je devrai régler plus souple pour absorber les irrégularités. La seconde spéciale est elle très serrée. Les concurrents n’auront pas le droit à l’erreur.. Les trajectoires devront être millimétrées, les points de freinages très précis.. Ca va être sportif.
Ce rallye me plaît bien.. Mes côtes cassées en juillet ne me gênent plus, je me sens bien.. Les petits apéros le soir en compagnie de Jérôme Sébastien, Laurent, David et Ludo procurent de bons moments de convivialité.. Les franches rigolades ne nous empêchent pas de rester sérieux et de veiller a rentrer tôt pour bien nous préparer.. Comme d’habitude nous retrouvons avec plaisir tous les potes sur les spéciales les jours suivants.. Tout va pour le mieux.. même si un sujet revient de manière systématique.. La météo. Toutes les attentions se portent sur la météo de samedi. Celle-ci est annoncée pluvieuse.. La situation évolue chaque jour mais tous les sites météo conservent une prévision de pluie pour la course. Ils ne sont ,pas toujours d’accord sur les heures mais tous annoncent la pluie.
Dans ces conditions, soucieux de ne pas retomber sur des côtes toujours fragiles, je décide de ne pas prendre le départ si il pleut. La spéciale 1 est tapissée de bandes noires qui seront extrêmement glissantes en cas de pluie. Et puis, soyons honnêtes, je ne prends aucun plaisir sous la pluie. Sous la pluie le seul plaisir est dans la gestion.. Et je n’aime pas gérer.. Gérer toute une journée.. c’est compliqué, compliqué de conserver la banane, compliqué de conserver la moto sur ses roues.. compliqué de ne pas s’en mettre une.. Pour conserver une troisième place en vétéran ? Le jeu n’en vaut pas la chandelle.. Seule la première m’intéressait et je ne peux plus aller la chercher à la régulière. Bien évidement je ne souhaite pas la chute des mes concurrents.. Même si dans un coin de ma tête, connaissant les loustics, je sais qu’ils ne gèreront pas.. ou pas beaucoup.. qu’ils ne résisteront pas à ouvrir dès que possible parce que c’est dans leur nature.. Que tout demeure possible.
Vendredi : Jour des vérifs techniques.
Arrivé aux vérifs technique, un sympathique moustachu vient me saluer.. Nous ne nous sommes jamais rencontrés physiquement mais je reconnais Roland. Ce ne peut être que lui. Nous nous « connaissons » via un forum internet. Il est aussi sympa en vrai que sur le net. Cette rencontre est fort sympathique. Nous prenons le temps d’échanger quelques minutes.. Il m’indique que le lendemain il est de service sur la route qui mène à la spéciale de Plats.. Qu’il n’aura pas l’occasion de nous voir passer en spéciale. Je ne sais pas encore que nous allons avoir l’occasion de nous revoir de près. Le temps de lui dire au revoir, je repars vers le paddock ou nous devons finaliser notre installation.
Samedi, jour de rallye..
Dès le réveil je consulte la météo.. Certains sites annoncent la pluie à compter de 14h.. Sachant que le prologue part à 10h, la première boucle chronométrée avant 12h.. Je fini par me dire que finalement je pars et que si il pleut je m’arrêterai..
Lucide sur le risque de pluie, je prends quand même la décision de monter les Metzeler M7RR en lieu et place des pneus pour le sec.. Ils ne sont pas neufs mais ce sera toujours mieux que les Pirelli Supercorsa..
Le temps d’aller en prégrille pour le prologue, la pluie s’invite dans la partie.. Que fais-je ? Je décide finalement de faire le prologue et d’aviser ensuite..
Durant le parcours de liaison, je règle le « Throttle » (entendez la réaction de la poignée d’accélérateur) sur Street.. Ce sera toujours moins violent que le réglage Sport.. du mode track. Sur la pluie il faut éviter les réactions vives de la moto.. être coulé. Il faut maintenant que je choisisse une portion pour essayer.. quitte à régler plus soft avant le départ de la spéciale..
A ce moment la, je reconnais Roland sur le bord de la route.. Je le salue de la main en insistant avec deux coups de klaxonne.. lorsque j’aperçois une bande noire deux cent mètres plus loin, dans un léger S qui se passe droit.. Je vais pouvoir tester mes réglages et la réaction du traction control.. J’ouvre en grand sur le troisième rapport et arrive sur la bande noire en 3 aux alentours de 8000 trs.. décidé à passer droit.. Evidement je m’attends a ce que la moto réagisse, que le traction control déclenche.. mais je ne m’attends pas du tout à ce qui va réellement se passer..
La moto part violemment de l’arrière à gauche puis à droite puis à gauche.. pas le temps de dire merde.. je me fais éjecter sans ménagement.. je me retrouve par terre en train de glisser derrière la moto qui, à terre sur le côté gauche, file sur la route glissante.. Je stabilise avec les bras en profitant, impuissant, du spectacle qui semble durer une éternité.. Afin arrêté une vingtaine de mètres derrière la moto, je me relève immédiatement avec le soucis de relever la KTM.. Un rapide coup d’œil sur la machine.. Elle ne semble pas avoir trop souffert.. mais je ne parviens pas à la relever.. Une douleur dans la poitrine m’indique que je n’ai pas du que glisser..
Une voiture s’arrête à ma hauteur, le conducteur en descend rapidement et m’aide à relever la moto.. C’est Roland.. qui s’inquiète rapidement de ma santé. Décidément nous ne nous quittons plus
Sur le moment je songe, un bref instant à repartir, mais je n’en ai plus envie.. Cette fois ci, je décide de mettre un terme au rallye et à la saison.. Bien m’en a pris.. Après être redescendu en moto jusqu’au poste de Roland, ou je m’arrête quelques instants pour discuter et prévenir le PC course de ma décision d’abandonner, je repars vers le paddock en warning..
Quelques centaines de mètres plus bas, je ne peux plus passer les rapports.. et rentre tranquillement sur le rapport engagé. Une vis de la platine s’est fait la malle, le sélecteur actionne dans le vide..
Arrivé au Paddock, je rends le transpondeur et l’aventure 2017 en rallye prend fin. Fataliste, je ne suis pas déçu.. Je vais profiter de ce nouvel abandon pour aller voir passer les copains en spéciale.
Le temps de me changer, de faire le tour complet de la moto et de reprendre mes esprits.. les premières nouvelles du rallye tombent.. Max Delorme (N#25) s’est mis une boite dans l’ES1.. Sébastien Fassouli (que je devais aider pour la navigation pour pallier un Vector défaillant sur son Aprilia) abandonne suite à un petit jardinage qui le fera pénaliser.. (Désolé Seb). Manu Gonzales #135 n’en fini plus de gravir les places au scratch (4ème dans l’ES1 devant Emeric Magnard #45 5ème) David Sainjon #175, qui a annoncé avant le départ (en plaisantant) qu’il voulait « rentrer » Laurent Filleton (entendez qu’il veut le « nicker » en terminant devant) pointe à une demi seconde de Laurent..et à moins d’une seconde de Bruno Schiltz qui joue le titre pour le coup étonnant 9ème..
Dès la première spéciale, ce rallye s’annonce très particulier.. Les surprises ne vont pas manquer..
Manu Gonzales, fidèle à ce qu’il démontre depuis le Dourdou, réalise un de ses meilleurs rallyes en trustant plusieurs fois le top 10 au scratch, dont une 2ème place dans l’ES3 à 0.19 s du scratch et le graal, 1er scratch dans l’ES 7
David Sainjon n’en fini plus de nous montrer que durant tout le reste de la saison il s’est foutu de nous en se trainant dans les bas fonds en signant une belle 3ème place dans l’ES5 et l’ES7, 5ème dans l’ES8 ou il devance Manu de 8 petits centièmes.. Absolument intenable.. Habituellement connu pour ses frasques dans le paddock David n’en fini plus de se révéler sur ce rallye. Il se permet le luxe de réaliser son improbable prédiction de terminer devant Laurent Filleton (qui n’a plus rien à perdre ni à gagner cette saison et coure son dernier rallye) en signant une belle 8ème place Scratch de jour.
Jérôme transforme ses bonnes sensations des deux jours de pistes en signant une belle 20ème place dans l’ES 11, fais un podium au challenge Avon et marque deux points de plus en Elite.
En vétéran, Chris nowat, 4ème avant cette dernière épreuve, enlève le titre après la chute et l’abandon de Thierry Courtaud (a qui il suffisait de terminer 18 ème vétéran de l’étape de jour.. c'est-à dire une infime formalité au vu du talent démontré toute la saison).. Alain Amblard allait lui aussi abandonner, laissant le champ libre à Chris pour enlever un titre qui lui tendait désormais les bras. La chose ne fut pourtant pas aussi facile qu’il n’y parait. Son résultat très moyen dans l’étape de jour l’obligeait à terminer au moins second de l’étape de nuit pour ravir le titre. Ce qu’il fit. Bravo Chris. En tête dans cette catégorie, plusieurs fois la saison (comme Thierry qui fini malgré tout second), je termine finalement à une 7ème place en n’ayant marqué aucun point au cours des deux derniers rallyes. La 26ème place Elite me console un petit peu même si à l’évidence il y avait la place de faire un petit peu mieux. Je réalise néanmoins mon objectif secret de début de saison de finir dans les 30, même si cet objectif avait été un peu relevé durant la saison..
Le titre suprême revient à Bruno Schiltz, Max Mettra enlève lui le titre en Rallye 2.. En rallye 3, en espoir et en féminine la cause était entendue dès avant le rallye des côteaux avec les titres de Romain Coquil, Emeryc Magnard et Sonia Barbot qu’on ne présente plus.
Cette saison 2017 est désormais terminée. Elle fut intense tant du point de vue de la dose d’adrénaline engendrée que du plaisir de rencontrer des gens forts sympathiques qu’il me tarde de revoir. J’ai beaucoup appris de cette saison, engrangé beaucoup d’expériences (mes 5 chutes sur 8 rallyes en font partie).
- Rallye de la Sarthe, je chute quasi à l’arrêt à cause de la fatigue (et sors deux fois dans les champs parce que je veux trop en faire)
- Rallye de Corse je chute en spéciale à cause d’une béquille qui ne remonte pas assez.
- Rallye du Beaujolais je chute à l’arrêt par fatigue, ce qui me vaudra de faire 3 spéciales avec la troisième vitesse seulement
- Rallye du Dourdou, je chute dans le prologue par manque de concentration et accumulation de petits détails
- Rallye des Coteaux je chute par excès d’optimisme et manque d’expérience
La plus grande erreur de la saison aura été de changer de moto en cours de championnat. Je n’ai pas assez de recul et d’expérience (ni la technicité pour être tout de suite performant) pour assimiler aussi rapidement l’augmentation de puissance et les exigences d’un châssis plus rigide sur des routes piégeuses et bosselées. L’aspect positif est que je sais ce que je dois travailler pour m’améliorer. C’est ce que je vais m’employer à faire dès que j’irai mieux.
En attendant, je ferme les yeux et savoure tous les instants de plaisir que j’ai connu durant cette saison, ils furent nombreux et variés.
Je remercie vivement mes amis, toutes les personnes qui m’ont soutenu de près ou de loin, quelque soit la forme de leur soutien. Je n’oublie pas ma femme et mes enfants qui acceptent, non sans mal, que je vive ma passion et qui m’apportent le plus gros soutien qui soit, celui dont j’ai le plus besoin.
Concernant l’année 2018, et les nouveaux challenges à relever je prendrai une décision fin décembre.
D’ici là, soyez prudents et prenez soin de vous
...quoi qu'il en soit un grand bravo a toi pour te se que tu a fait durant cette saison de moto 